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NAVIRES

LA GRANDE PÊCHE

ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Jack Daussy  / L’Ouest Éclair, BN Gallica et Souvenirs inédits de Joseph Duhamel
© Édition Association Fécamp Terre-Neuve
La reproduction d’extraits de ce texte est autorisée sous réserve d’en mentionner l’auteur et l’éditeur.
L'Yport amarré quai Bérigny à Fécamp
Collection Jack Daussy, © D. R.
Dans ses souvenirs Joseph Duhamel, PDG des Pêcheries de Fécamp écrit : « Les années 1919 à 1923 sont soulignées par des difficultés inquiétantes : grèves des marins, défaut de ravitaillement en charbon en Angleterre et en Islande, prix astronomique de ce combustible en Angleterre, contingenté et contrôlé par le Buard coal ( ?). Ce qui conduit notre armement à affréter en « Time charter » deux chalutiers pour ravitailler, en sel et charbon, les navires en pêche en Islande ».

Pour palier à cette situation et résoudre le problème de l’approvisionnement des navires en campagne, Les Pêcheries de Fécamp achètent en Hollande un petit cargo et, dans L’Ouest Éclair du 19 février 1922, on peut lire : « La société Les Pêcheries de Fécamp d’accord avec MM. Acher Duhamel et Gournay ont acheté récemment en Hollande un cargo actuellement dans le bassin Bérigny de Fécamp. Ce cargo, l’Yport, servira de chasseur aux quatre chalutiers : André-Pierre, Simon Duhamel, Cap-Fagnet et Normandie, et les approvisionnera en charbon ».

L’Yport, construit aux Pays-Bas, en 1920, sous le nom de Peizerdiep, par les chantiers Boot De Hoop (ou Boot Gebroeders) à Leiderdorp, mis à l'eau le 20 septembre, est un petit cargo à vapeur de 539 tonneaux, long de 49,50 m, large de 7,80 m pour un creux de 3,90 m. Il est équipé d'une machine a vapeur Grofsmederij construite à Leiden.

Il arrive à Fécamp le 5 février, il y est immatriculé F. 494 et armé au long cours comme "chasseur" pour approvisionner en charbon, en sel et en vivres frais les chalutiers en pêche, et rapporter, dans les ports de Métropole, le produit des premières pêches. Pour son premier voyage il est envoyé au Portugal prendre un "complet" de sel. Le 27 mars 1922, il sort de Lisbonne pour l’Islande et, le 16 avril, signale son arrivée à Seydisfjord (Islande) : « tout bien à bord ». Là il prend en charge la pêche des chalutiers fécampois en campagne qu'il livre à Pauillac le 20 mai.

Cette même année 1922, il embarque un passager à Fécamp, le diplomate et journaliste Louis Frédéric Rouquette, chargé par le gouvernement français d’une mission en Islande ; voyage que ce dernier évoque dans son livre - L'île d'enfer - Roman de ma vie errante, publié aux éditions J. Ferenczi et Fils, en 1925.

Ensuite l’Yport enchaine les rotations, faisant plusieurs voyages de Port-de-Bouc, ou Bordeaux, à Saint-Pierre et Miquelon. Le 10 juillet il est signalé de passage à Sagrés (Portugal) ; le 27 aout, il touche Saint-Pierre et Miquelon venant de Port-de-Bouc, et le 16 septembre 1922, il quitte Fayal (Açores) pour Saint-Pierre et Miquelon. Le 3 novembre, il passe à Fayal allant de Port-de-Bouc à Saint-Pierre, et le 17 décembre on le retrouve à Fayal, allant de Saint-Pierre et Miquelon à Bordeaux. Le 16 janvier 1923, l’Yport quitte Bordeaux pour Blaye, et le 16 mars 1923, il arrive au Havre venant de Fécamp pour réparations.

Le 30 septembre 1923, l’Yport se trouve au Nord de la Nouvelle-Écosse et fait naufrage : « par courant intense et brume épaisse … » au Cap Breton, sur l'île de Scatari. L’équipage put être sauver mais le navire ne pourra être renfloué. Dans ses souvenirs Joseph Duhamel, PDG des Pêcheries de Fécamp, écrira : « Cette perte ne fut pas déplorée en raison de ses mauvaises qualités nautiques jointes à la médiocrité de la construction ».