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NAVIRES

LA GRANDE PÊCHE

ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Etienne Bernet / © Édition Association Fécamp Terre-Neuve
La reproduction d’extraits de ce texte est autorisée sous réserve d’en mentionner l’auteur et l’éditeur.
Ce navire fait partie des dundees construits dans le cadre de la loi dite "des 200 millions" votée le 19 juin 1920 pour la reconstruction de la flotte de pêche. Après un concours national, deux chantiers malouins se sont répartis la commande de 38 bateaux. Sur chantier, les dundees étaient identifiés par la lettre "H", pour harenguier, un chiffre d’ordre de construction et une lettre d’identification du chantier : "A", pour les Chantiers et Ateliers de Saint-Malo, et "N", pour les Chantiers Navals de l’Ouest.

Celui-ci porte le numéro H-17N, il est construit à Saint-Malo en 1921/1922 par les Chantiers Navals de l'Ouest. C'est un navire en bois à pont unique, long de 29,50 m, large de 8,00 m pour un creux de 3,50 m, de 191 Tx de jauge brute, 155 Tx de jauge nette et 270 tonnes de port en lourd. Un article de La Pêche Maritime du 15 décembre 1921 évoque leur possible transformation pour Terre-Neuve : () dans le but d’activer la liquidation de cette partie du programme d’intensification des pêches, M. Rio vient de porter à la connaissance de tous les armateurs une lettre dans laquelle il précise les conditions d’acquisition : quoique construits pour la pêche du hareng et du thon (...), quatre ou cinq de ces navires dont la construction est peu avancée, sont susceptibles d’être aménagés pour d’autres pêches spéciales : pêche à la morue à Terre-Neuve ou à Islande (...).

L’armateur fécampois Gustave Vasse, président de la Chambre de Commerce, en profite et se porte acquéreur du H-17N, en construction. Acheté coque nue, il est transformé à Fécamp en trois-mâts goélette par les Chantiers Argentin et prend le nom d’Étoile de Noël. Baptisé le 13 mars 1923, il fera huit campagnes de pêche à Terre-Neuve au départ de Fécamp jusqu’en 1930 monté par 22 hommes d'équipage, commandé successivement par les capitaines R. Lecœur, pour deux campagnes, Eugène Bonamy, de 1925 à 1928, et Marcel Vallin, en 1929 et 1930.

Le capitaine Michel Desjardins évoque son dernier retour à Fécamp en 1930 : “Cette année-là, le Léopoldine a fait une entrée magistrale à la voile avec deux autres bateaux, L'Ange et Étoile de Noël, tous les trois à la voile à la suite les uns des autres. C'était un dimanche c'est-à-dire qu'il y avait énormément de monde (...)”.

En 1931, après huit campagnes sur les bancs de Terre-Neuve sans événement remarquable, Étoile de Noël, petit bateau peu rentable (155 Tx), du même type que Marité vendu l’année précédente, est retiré de la pêche. Il est vraisemblable que Gustave Vasse l'ai vendu à l'armateur Auguste Craipeau, de Saint-Malo, qui l'utilise en "chasseur". Au mois de juin 1938, il est vendu en Yougoslavie, prend le nom de Straža, et navigue sur la côte Adriatique, port d'attache Ist (Istria ?) (merci à Klaus Günther von Martinez pour ce renseignement).
En 1945, on perd sa trace.
Étoile de Noël quittant Fécamp. Photo coll. privée, © D. R.
Pavillon de l’armement Gustave Vasse & Cie.
Monsieur Marijan Zuvic de Split nous a adressé le complément suivant.
Nous lui adressons tous nos remerciements pour ces informations.

En juin 1938, L’ÉTOILE DE NOËL a été achetée par M. Filip Kozulic, de l'île de Ist.
À l'arrivée dans l'Adriatique, elle a été rebaptisée STRÁŽA avec port d'attache IST, port d'immatriculation Šibenik,  et immatriculation YTLG.
En septembre 1938, elle a été motorisée avec un tout nouveau moteur diesel de 150 HP fabriqué par Maschinenfabrik Augsburg Nürnberg AG Augsbourg.
En avril 1941, après la capitulation de la Yougoslavie, elle a été réquisitionné par les Italiens, rebaptisée LA GUARDIA et utilisée comme navire de transport de la Deuxième armée italienne.
Le 8 septembre 1943, elle est arrivé au port de Split entièrement chargé avec des marchandises militaires venant de Sibenik, comprenant une grande quantité de munitions pour les canons anti-aériens et six camions chargés sur le pont.
Le 8 et le 9 septembre le navire a été attaqué par des avions allemands, mais par miracle, n'a pas été touché.
En début de matinée du 11 Septembre un groupe de partisans de Tito a saboté LA GUARDIA et l’a coulée dans un port pour empêcher qu’elle soit capturée lors de l’avance des troupes allemandes.
L'épave a été découverte 36 ans plus tard (!) le 18 décembre, 1979 lors de l'approfondissement du port. L’enlèvement de l'épave a duré des semaines en raison de sa cargaison de munitions.