Annales du Patrimoine de Fécamp – N°14 / 2007

Éditorial

En 1994, la revue des Annales du Patrimoine de Fécamp sortait son premier numéro, dont le dossier central était consacré à la deuxième Guerre Mondiale. Cette publication abordait des thèmes jusque là peu étudiés, comme la construction du Mur de l'Atlantique dans notre ville, et le destin des principaux navires de pêche fécampois au cours de ce conflit.

En 2007 l'équipe rédactionnelle décide d'y consacrer à nouveau un dossier. Pourquoi revenir sur cette période noire de notre histoire, dont il semble que l'essentiel ait été dit ?

C'est parce qu'il reste encore de nombreuses zones d'ombre que ce choix s'impose. A la libération, la municipalité a rendu hommage aux victimes de la barbarie nazie, et certaines rues portent depuis le nom de ces martyrs, mais que connaissons nous réellement d'eux ? Était-il si courant pour une Fécampoise de s'engager dans la Résistance ? La sauvagerie nazie n'a-t-elle pas occulté la responsabilité du régime de Vichy et les effets de la collaboration ?

Parce que d'origine juive, Bella Pochez fut victime de cette barbarie. On sait maintenant, comme l'article de Florence Levert dans le numéro 8 des Annales l'a montré, qu'elle fut surtout victime d'une haine ordinaire et d'un simple règlement de compte : dénoncée, elle fut déportée vers Auschwitz-Birkenau où elle trouva la mort en janvier 1943.

L'Union locale C.G.T a versé en 2006 ses archives au service des Archives municipales de Fécamp. De nombreux documents, en cours de classement, éclairent les origines de l'engagement dans la Résistance des syndicalistes fécampois, et notamment des femmes : c'est dans les luttes syndicales et politiques menées dans le milieu des années 30 par la CGT et le Parti Communiste que naîtra chez ces militants l'esprit de sacrifice, salué il y a peu par le Président de la République.

L'histoire de la guerre est faite de multiples drames ignorés :

Dans une correspondance datée de 1943 récemment retrouvée, Charles Levy, demande son extrait de naissance. Né rue Saint-Etienne, où son père était chirurgien dentiste, il va mourir en 1944 à Auschwitz. Ce document témoigne d'un drame jusqu'ici inconnu, l'histoire d'une famille fécampoise qui reste à découvrir.

Autre drame méconnu parmi beaucoup d'autres : le dimanche 28 octobre 2007, une plaque commémorative était dévoilée, à Grainval, à la mémoire des victimes du déminage de la valleuse au cours de l'hiver 1945-1946, opération qui tua huit Allemands et deux Français.

Plus que jamais, le devoir de mémoire s'impose à nous, et continuera de s'imposer tant que de nouvelles sources s'ouvriront ; les archives n'ont pas fini de livrer leurs secrets. En publiant ces archives, les Annales du Patrimoine de Fécamp poursuivent le but qu'elles se sont fixé : écrire l'histoire de notre ville, et la partager avec tous.