En 2015, nous écrivions : Y aura-t-il un numéro 22 des annales ?

La réponse sera très probablement : non !
L'association Fécamp Terre-Neuve a le regret d'annoncer que, après 21 numéros représentant 264 articles, elle cesse la publication des Annales du Patrimoine de Fécamp, au moins pour l'année 2015, mais peut-être définitivement.
En effet, la trésorerie de notre association ne permet plus de poursuivre la publication : trop de frais ont été engagés en 2014 en publiant à la fois le livre de souvenirs du Capitaine Pontillon, et les Annales n°21. Nos imprimeurs sont payés, et notre situation financière est saine, mais malheureusement insuffisante pour continuer.
Malgré la page facebook et le site internet, les Annales restent trop peu connues, et les ventes restent trop faibles ; il faudrait vendre beaucoup plus pour continuer.
Nous ferons le point dans quelques mois pour décider si nous sommes en mesure de reprendre la publication en 2016, mais cela semble improbable.
Merci à tous pour vos contributions et votre fidélité.

Éditorial

La guerre 1914 - 1918 ne fut pas la même pour tous.

Édouard Renaud, ingénieur né à Fécamp, fut affecté à l’arrière pour constituer le réseau ferré des voies de 60, destinées à alimenter le front en ravitaillement et munitions. Cette fonction stratégique lui laissait le loisir d’illustrer à l’aquarelle son environnement quotidien. Offertes par ses descendants, ces aquarelles sont exposées au Musée de Fécamp en cette année du centenaire de la déclaration de guerre.
A quelques kilomètres de lui, le peintre parisien Henri Marret, lié à la région de Fécamp, restait attaché à ses pinceaux dans une section de camouflage.

Les marins fécampois inscrits maritimes de moins de quarante ans étaient embarqués sur les chalutiers réquisitionnés comme navires auxiliaires de la Marine nationale, escorteurs ou dragueurs de mines, loin de Fécamp et du front. La pêche continuait, avec les plus âgés qui avaient repris du service pour ravitailler la France.
Certains y laissèrent la vie, victimes des sous-marins allemands, les fameux U-boot, et reposent encore dans leurs épaves.

Les poilus blessés étaient soignés dans des hôpitaux de fortune à l’arrière. A Fécamp, l’hôpital auxiliaire n° 34 occupe les locaux de la distillerie de la Bénédictine, avec une capacité de 100 lits, tandis que l’hôpital auxiliaire n° 112 occupe le collège de jeunes filles rue des Galeries, avec une capacité de 40 lits.

Mais beaucoup ne revinrent pas. « Morts pour la France », ils sont inhumés dans le carré militaire de Fécamp.
Henri Floch n’eut pas cet honneur : fusillé pour l’exemple, sa famille vivra six terribles années d’infamie avant qu’il soit réhabilité…

Pendant ce temps à Fécamp, la population n’est plus tout à fait la même. D’autres hommes sont là, soldats belges en garnison, et prisonniers allemands réquisitionnés pour le déchargement des navires.

Dans les maisons fécampoises, sur les cheminées ou les buffets, brillent encore parfois des douilles d’obus gravées, ramenées du front par les soldats : humbles souvenirs de quatre années de guerre horrible.

Anniversaires

Centenaire de la loi sur les monuments historiques

« …une loi pour les monumens (sic), une loi pour l’art, une loi pour la nationalité de la France, une loi pour les souvenirs, une loi pour les cathédrales, une loi pour les plus grands produits de l’intelligence humaine, une loi pour l’œuvre collective de nos pères, une loi pour l’histoire, une loi pour l’irréparable qu’on détruit, une loi pour ce qu’une nation a de plus sacré après l’avenir, une loi pour le passé, cette loi juste, bonne, excellente, sainte, utile, nécessaire, indispensable, urgente … » (Victor Hugo, « Guerre aux démolisseurs ! » in Revue des Deux Mondes, tome 5, 1832).

La loi relative aux monuments historiques a été adoptée par la Chambre des députés le 20 novembre 1913 sur le rapport de Théodore Reinach, député de la Savoie, et promulguée le 31 décembre 1913. Cette loi, qui est l'une des plus anciennes en ce domaine dans le monde, est souvent prise pour modèle. Fondement de la protection et de la conservation du patrimoine français, elle maintient un subtil équilibre entre le respect du droit de propriété et l’intérêt général.
Virginie Sampic, animateur du Patrimoine à Fécamp, revient dans ce numéro sur cette loi novatrice.

Cette loi vient nous rappeler aussi qu’on détruit toujours trop vite !
Ainsi, alors que les remparts de l’époque ducale sont aujourd’hui préservés grâce à l’achat de la collectivité, on ne peut que regretter la disparition irréparable de l’église Saint-Ouen de Fécamp qui datait de la même époque, malheureusement détruite dans la précipitation en 2001.
Cette année 2013 est aussi le 130e anniversaire de la construction du « Pavillon de secours », élégant édifice de Camille Albert sur la presqu’île du Grand Quai, démoli vers 1970. De par sa qualité et son emplacement, n’aurait-il pas constitué le vestiaire idéal pour nos sauveteurs, aujourd’hui contraints de s’abriter dans un container ?

Les Annales du Patrimoine de Fécamp : 20 ans déjà !

Dans les années 1990, plusieurs jeunes historiens, professionnels et amateurs, soucieux de partager leurs recherches sur Fécamp, rencontraient Jean Lemaître, alors président de l’Association des Amis du Vieux-Fécamp, pour proposer leur participation active au bulletin que publie cette association.
En leur opposant une fin de non recevoir, ce dernier actait sans s’en douter la naissance des Annales du Patrimoine de Fécamp. C’est en effet ainsi que, après quelques tâtonnements et hésitations, le premier volume paraissait en 1994, selon la formule devenue traditionnelle d’une première partie consacrée à des études diverses sur l’Histoire et le Patrimoine, suivie d’un dossier thématique, consacré cette année là à « Fécamp, 1944 ».

Depuis lors, vingt numéros ont parus, ouvrant année après année de nouveaux dossiers sur l’histoire fascinante de notre cité abbatiale et portuaire.

Vingt numéros, c’est un total de 253 articles par 113 auteurs : autant de pièces d’un immense puzzle qui, petit à petit, esquisse une nouvelle histoire de notre ville.

Éditorial

Des destins fécampois

Quel rapport y-a-t-il entre Léonce Bennay, meilleur ouvrier de France, Jules Brateau, maître ciseleur du XIXe siècle, François Corbière, capitaine de pêche, Madeleine Fessard, sculpteur, Jean Lorrain, écrivain à scandale, Jacques Mazoyhié et Louis Noblet, armateurs à la Grande Pêche, Ursin Merrienne, tonnelier devenu armateur, Bella Pochez, résistante et déportée, Richard 1er, duc de Normandie, François de Thiboutot, gouverneur de Fécamp au XVIIIe siècle, Paul Vasselin, vénérable de la loge La Triple Unité, ou encore Guillaume de Volpiano, abbé de Fécamp au moyen-âge, et bien d’autres encore ?
La réponse est : tous fécampois ; et tous ayant fait l’objet d’un article dans les Annales du Patrimoine de Fécamp… Au fil des numéros, s’est ainsi constituée une fascinante galerie de portraits de Fécampois pas toujours bien connus.
Avec Charles Balier, André Chardine, Henri Charrier, Gustave Couturier, René-Yves Creston, Justin de Nesmond et Maurice Sadorge, nous poursuivons dans ce numéro ces portraits de personnalités bien différentes, qui ont façonnées notre ville et notre histoire.

Bienvenue au Marité II

Nous étions nombreux ce samedi d’octobre sur le quai Bérigny, plaisanciers, touristes, curieux, mais aussi anciens charpentiers de marine et historiens maritime, pour admirer ce beau voilier qui a très fière allure.
Mais chacun s'est accordé à dire aussi que ce n'était plus tout à fait « notre » Marité... Nous avons remarqué en effet plusieurs changements qui éloignent sa silhouette de celle des anciens navires terre-neuviers : gouvernail moderne, winchs, mâture bien mince pour affronter les tempêtes d'équinoxe de l'Atlantique nord et la météo des bancs de Terre-Neuve, bômes très relevées - sécurité des passagers oblige, coque bien plus haute aussi, et qui n’aurait pas permis de hisser des doris à bord… toutes choses qui diffèrent énormément du vrai Marité.
Nous proposons donc que ce beau navire tout neuf soit rebaptisé Marité II.

Les remparts de Fécamp sauvés

Par rapport aux différentes enceintes médiévales conservées en Europe, les remparts de Fécamp se distinguent par leur ancienneté, puisqu’ils remontent à la période ducale (XIe siècle).
Dissimulée dans les jardins, cette enceinte fortifiée est peu perceptible à partir du domaine public, aussi n’est-elle pas connue des Fécampois. Elle est pourtant très bien conservée, notamment sur la presque totalité de la rue d’Estouteville.
Repérés comme « élément remarquable » dans le cadre de l’étude ZPPAUP, ces remparts viennent d’être acquis par la collectivité, offrant ainsi la possibilité aux générations futures de développer sur ce site un projet patrimonial et touristique, comme le font aujourd’hui de nombreuses villes françaises.

Une excellente nouvelle qui réjouira tous les amateurs d’histoire et de patrimoine !

Éditorial

Histoires peintes, histoires saintes, histoires feintes…

Au-delà des jeux de mots, les articles de ce nouveau numéro des Annales démontrent combien la peinture est souvent tout cela à la fois.

Au travers des peintures qui nous entourent au musée, dans les églises ou à la chapelle Notre-Dame du Salut, c’est l’histoire des navires, des marins, des citoyens ou des artistes eux-mêmes qui se révèle, et toute la vie de la cité qui apparaît en filigrane : les peintures de marine décrivent les mutations portuaires ou évoquent de dramatiques naufrages, les œuvres qui décorent nos églises racontent des vies de saints qui exhortent à la conversion ou illustrent le catéchisme, et les portraits bourgeois affichent la satisfaction d’une réussite sociale ou professionnelle, tout en pérennisant le souvenir des ancêtres.

Certaines de ses peintures sont si familières que nous les avions presque oubliées ; tel est le cas des peintures décoratives de l’église Saint-Etienne, que la restauration en cours remet peu à peu en lumière.
D’autres demeurent mystérieuses, comme ces fresques du XIIIe siècle qui se cachent sous le badigeon des voûtes de la chapelle basse de l’abbatiale, découvertes en 1977 et encore jamais dégagées.

Dans ce numéro spécial « peintures », nous avons souhaité évoquer toutes ces formes de peintures dont on a parfois perdu le sens premier. Elles constituent souvent une iconograhie précieuse pour la recherche historique, et méritent d’être « relues » à la lumière de connaissances nouvelles ou d’interprétations oubliées.

Comme pour les précédents numéros, le thème retenu n’est que le prétexte à explorer toujours plus l’histoire de notre ville, et de publier nos recherches pour les partager. Et selon le principe désormais bien établi de notre revue, nous souhaitons associer dans cette démarches aussi bien les universitaires que les amateurs, qui se retrouvent dans cet esprit de partage.

L’année 2012 sera une année forte, avec l’achèvement du chantier du nouveau musée, très attendu par tous ceux qui sont attachés au patrimoine de Fécamp. Les amateurs d’histoire maritime attendent aussi les Cinquièmes Journées d'histoire de la Grande Pêche qui auront lieu à Fécamp lors du week-end de l'Ascension 2012. Après les Premières Journées d'histoire de la Grande Pêche qui se sont tenues à Granville en 1999, les Deuxièmes à Fécamp en 2003, les Troisièmes et les Quatrièmes à Granville en 2005 et en 2009, elles permettront de faire le point sur les recherches historiques sur la grande pêche. Elles sont ouvertes à tous, et nous invitons tous nos lecteurs à y assister.

Pour la communauté maritime, cette année 2011 a été marquée par la disparition du capitaine Michel Auzou, à l’âge de 64 ans seulement. Fils de marin, il avait débuté sur les bateaux de pêche côtière à Boulogne. Devenu capitaine de pêche à l'âge de vingt-sept ans, il a été l’acteur principal de l’affaire de la Grande Hermine (1) en 1989, avant d’être professeur à l'école de Pêche de Fécamp.
Les Annales du Patrimoine de Fécamp lui rendent hommage.

(1) Florence Levert, Saint-Pierre, c’est une grande vitrine, Édition du musée de Fécamp, 2004