Éditorial

Le passé fécampois n’en finit pas d’être revisité !

911, traité de Saint-Clair sur Epte entre le roi franc Charles III le Simple et le chef viking Rollon : la Neustrie devient la Normandie.
Pour marquer cet anniversaire, les Annales du Patrimoine de Fécamp consacrent un dossier au passé médiéval de Fécamp, capitale des premiers ducs de Normandie Richard 1er et Richard II, qui établissent à Fécamp une abbaye richement dotée.
Une Histoire normande qui n’en finit pas d’être revisitée, réécrite, réinterprétée… comme est sans cesse renouvelée l’Histoire de Fécamp.

Alors que le Musée des Terre-Neuvas publiait en 2004 le témoignage du capitaine Michel Auzou sur la « guerre » qui l’opposa aux Saint-Pierrais en 1989 à propos des droits de pêche, Yves Leroy, spécialiste de l’histoire de Saint-Pierre et Miquelon, revient dans nos colonnes sur les épisodes diplomatiques de cette fin de la grande pêche dans les eaux de Terre-Neuve.

Alors que nos Annales publiaient dès leur premier numéro un article de Manuel Martin, responsable des archives municipales de Fécamp, sur la construction du Mur de l’Atlantique et son contexte en temps d’occupation, saluons la participation qui a été la sienne cette année dans le film de Jérôme Prieur « Le Mur de l’Atlantique, monument de la collaboration », film qui rend hommage à la pertinence de ses recherches.

Alors que l’Association des Amis du Vieux-Fécamp édite cette année la vie de Gustave Couturier qui décrit l’histoire de la confection fécampoise côté « patron », cet ouvrage trouvera un utile complément dans l’enquête de mémoire réalisée en 2007 par une équipe d’ethnologues auprès d’anciennes ouvrières de la couture de Fécamp. C’est cette enquête que nous avons le plaisir à publier aujourd’hui dans nos Annales.

Alors que nos Annales publiaient en 1995 l’article de Sara Jones « Les reliefs du XIIe siècle de l’abbaye de Fécamp » qui, pour la première fois, présentait une analyse pertinente du fameux « sarcophage » des ducs conservé dans l’abbatiale de Fécamp, c’est aujourd’hui une autre hypothèse d’interprétation que formule Katrin Brockhaus, spécialiste de l’architecture de la Trinité de Fécamp.

Alors que historiens et théologiens s’ignorent souvent dans des spécialités cloisonnées, notons combien est novatrice et fructueuse la double démarche qui est celle de François Boespflug dans l’analyse des représentations de la Trinité, omniprésentes dans notre église abbatiale. Ses deux approches, historique et théologique, viennent s’enrichir et s’éclairer l’une - l’autre, et nous sommes honorés qu’il ait répondu à notre proposition d’article.

Alors que la Normandie s’apprête à fêter le 1100ème anniversaire de sa fondation en 911 - et plus encore peut-être, à commémorer le centenaire des fastueuses fêtes du millénaire de la Normandie qui eurent lieu à Rouen en 1911 - la place « capitale » qu’eut Fécamp dans les premiers temps du duché ne cesse d’être redécouverte, et sera certainement encore réévaluée à la lumière des recherches actuellement menées par Jacques Le Maho (CNRS).

Tout cela démontre combien l’Histoire n’est jamais définitivement écrite, et combien il est essentiel d’en renouveler l’écriture en croisant les approches archivistiques, archéologiques, ethnographiques et historiques.
C’est cette multiplicité des points de vues qui est garante d’une Histoire sans cesse à remettre sur le métier, et c’est ce à quoi les Annales du Patrimoine de Fécamp se donnent pour mission de contribuer.

Éditorial

« Fortunes de Mer » ! Si l’expression sonne comme s’il s’agissait d’une bonne chance, elle exprime en réalité un aléa dans un voyage maritime : retard, perte d’un homme, naufrage…
Notre cité a vécu pendant des siècles au rythme de ces « fortunes de mer », les redoutant et les subissant. Aujourd’hui, les historiens retrouvent dans les archives les rapports de naufrages ou les déclarations de disparitions qui attestent de ces drames, et notre musée conserve de nombreux ex-voto et vestiges remontés par les plongeurs qui témoignent de ces fortunes de mer. C’est un nouveau dossier qui s’ouvre cette année dans nos Annales, et qui se poursuivra, comme les précédents, au fil des numéros.

L’année 2009 a été riche en rencontres et en échanges pour notre association. Nous avons pris une modeste part aux travaux du Marité, en confiant au chantier naval les plans de pont que notre association avait reçus de Jean Berrogain (voir Annales n°5 - 1998), nous avons été sollicités pour participer à un débat radiophonique sur la pêche morutière sur Radio-Canada, et nous avons rencontré, à Terre-Neuve, des associations patrimoniales actives et très désireuses de construire des liens avec la France. Enfin nous avons participé au Salon du livre insulaire qui s’est tenu cet été à Ouessant et aux IVe Journées d’Histoire de la Grande Pêche en octobre à Granville. Quant à notre site internet, il reçoit d’ores et déjà plus de 2 000 visites par mois.
Ces actions nous permettent de faire vivre notre devise « maintenir vivants les liens entre Fécamp et l’archipel de Terre-Neuve », dans l’esprit de partage qui est le nôtre.

L’été 2009 a vu aussi la disparition du grand photographe Willy Ronis. Auteur du fameux « baiser du terre-Neuva », il est bien connu des Fécampois grâce à cette célèbre photographie qui montre Marcel Leseigneur, marin fécampois, embrassant tendrement son épouse Marie-Louise avant d’embarquer en 1949 sur le chalutier Elisabeth-Marie. Une photo magnifique, tendre et simple, qui à elle seule parvient à exprimer les mois de séparation qui attendent les époux ; nous y consacrons un hommage dans ce numéro.

• Florence Calame-Levert, Revitalisation festive et conflits de mémoire, Saint-Pierre des Marins et Messe Souvenir de Fécamp
• Manolita Fréret-Filippi, Un historicisme régional sous la IIIe République. Camille Albert (1852-1942), architecte de la ville de Fécamp.
• Katrin Brockhaus, L'abbatiale de la Trinité de Fécamp et l'architecture normande au Moyen-Âge.
• Pierre-Marie Guihard, Monnaie et société chez les peuples gaulois de la basse vallée de la Seine, IIIe - Ier s. av. J.-C.

Nous félicitons ces quatre jeunes chercheurs qui ont déjà collaboré à plusieurs reprises aux Annales du Patrimoine de Fécamp.

Les Annales du Patrimoine permettent à tous les chercheurs, qu’ils soient universitaires ou amateurs, de partager leurs recherches. Sans votre soutien, elles ne pourraient pas paraître, et nous avons besoin de tous les lecteurs qui les apprécient pour les faire connaître.

Éditorial

D’ici quelques mois, le nouveau musée de Fécamp ouvrira ses portes dans l’ancienne sècherie de la Morue Normande, à l’angle du Grand Quai.

Pour accompagner cet événement culturel et patrimonial, les Annales du Patrimoine de Fécamp ont souhaité ouvrir cette année un nouveau dossier, celui de l’histoire de ce quai, qui fut le cœur stratégique de la vie maritime de Fécamp pendant des siècles.
Ce dossier se poursuivra au fil des numéros, comme se poursuivent d’année en année ceux que nous avons ouverts dans nos précédents numéros, concernant l’archéologie, la pêche, l’architecture, Jean Lorrain, la période noire de la guerre ou encore l’abbaye pour ne citer que quelques exemples…

C'est ainsi que deux importants articles sur Yport viennent cette année compléter le dossier ouvert en 2006.

Le comité de rédaction des Annales du Patrimoine de Fécamp a la volonté de continuer à publier ainsi les recherches des universitaires les plus spécialisés, comme celles des amateurs les plus passionnés. Sous des formes différentes, tous ces textes contribuent chacun à leur manière à une meilleure connaissance de notre cité. En réunissant ces études éparses, c’est l’histoire de notre ville que nous voulons partager.

C’est dans cet esprit de partage que l’Association a remis cette année une série complète des Annales du Patrimoine de Fécamp à plusieurs bibliothèques des communes voisines de Fécamp.

Les Annales du Patrimoine ont reçu le soutien de la Ville de Fécamp et du Conseil Général et d'un sponsor privé. Qu’ils en soient remerciés.

Mais chaque numéro est un nouveau pari, et l'équilibre de cette publication reste fragile. Nous comptons sur tous nos lecteurs pour nous aider à la faire connaître davantage et permettre ainsi de continuer cette aventure qui, nous en sommes convaincus, mérite d'être poursuivie.

Éditorial

En 1994, la revue des Annales du Patrimoine de Fécamp sortait son premier numéro, dont le dossier central était consacré à la deuxième Guerre Mondiale. Cette publication abordait des thèmes jusque là peu étudiés, comme la construction du Mur de l'Atlantique dans notre ville, et le destin des principaux navires de pêche fécampois au cours de ce conflit.

En 2007 l'équipe rédactionnelle décide d'y consacrer à nouveau un dossier. Pourquoi revenir sur cette période noire de notre histoire, dont il semble que l'essentiel ait été dit ?

C'est parce qu'il reste encore de nombreuses zones d'ombre que ce choix s'impose. A la libération, la municipalité a rendu hommage aux victimes de la barbarie nazie, et certaines rues portent depuis le nom de ces martyrs, mais que connaissons nous réellement d'eux ? Était-il si courant pour une Fécampoise de s'engager dans la Résistance ? La sauvagerie nazie n'a-t-elle pas occulté la responsabilité du régime de Vichy et les effets de la collaboration ?

Parce que d'origine juive, Bella Pochez fut victime de cette barbarie. On sait maintenant, comme l'article de Florence Levert dans le numéro 8 des Annales l'a montré, qu'elle fut surtout victime d'une haine ordinaire et d'un simple règlement de compte : dénoncée, elle fut déportée vers Auschwitz-Birkenau où elle trouva la mort en janvier 1943.

L'Union locale C.G.T a versé en 2006 ses archives au service des Archives municipales de Fécamp. De nombreux documents, en cours de classement, éclairent les origines de l'engagement dans la Résistance des syndicalistes fécampois, et notamment des femmes : c'est dans les luttes syndicales et politiques menées dans le milieu des années 30 par la CGT et le Parti Communiste que naîtra chez ces militants l'esprit de sacrifice, salué il y a peu par le Président de la République.

L'histoire de la guerre est faite de multiples drames ignorés :

Dans une correspondance datée de 1943 récemment retrouvée, Charles Levy, demande son extrait de naissance. Né rue Saint-Etienne, où son père était chirurgien dentiste, il va mourir en 1944 à Auschwitz. Ce document témoigne d'un drame jusqu'ici inconnu, l'histoire d'une famille fécampoise qui reste à découvrir.

Autre drame méconnu parmi beaucoup d'autres : le dimanche 28 octobre 2007, une plaque commémorative était dévoilée, à Grainval, à la mémoire des victimes du déminage de la valleuse au cours de l'hiver 1945-1946, opération qui tua huit Allemands et deux Français.

Plus que jamais, le devoir de mémoire s'impose à nous, et continuera de s'imposer tant que de nouvelles sources s'ouvriront ; les archives n'ont pas fini de livrer leurs secrets. En publiant ces archives, les Annales du Patrimoine de Fécamp poursuivent le but qu'elles se sont fixé : écrire l'histoire de notre ville, et la partager avec tous.

Éditorial

Une des idées directrices des Annales du Patrimoine de Fécamp est la constitution, numéro après numéro, de dossiers sur des sujets aussi variés que l'histoire maritime, le patrimoine, voire la vie et l'œuvre de personnages célèbres de la cité. Juste retour des choses, cette idée conductrice prend aujourd'hui toute sa dimension avec le colloque Jean Lorrain, des 2 et 3 décembre 2006. En effet, voila dix ans, le n° 3 des Annales consacrait un important dossier à Jean Lorrain, complété deux ans plus tard, par trois articles publiés dans le n° 5. Un dossier était ouvert qui attend aujourd'hui de nouvelles contributions, mais nous pensons, à juste titre, avoir apporté une part non négligeable à la connaissance de cet écrivain fécampois.

En 1998 nous constations : "Les Annales du Patrimoine de Fécamp, fruit d'un travail collectif, (...) cette revue a pris sa place dans les événements culturels de la ville. Elle est maintenant attendue et témoigne bien de notre action (...)". Avec les années, ceci s'est confirmé et nous travaillons avec ténacité à poursuivre la tâche que nous nous sommes assignée : contribuer à écrire l'histoire de la ville et du port de Fécamp. Mais nous sommes aussi soucieux d'écrire celle des communes voisines, grandes ou petites. C'est le choix que nous avons fait cette année : ouvrir un dossier sur Yport, la grande voisine, si proche, si lointaine ; et sur Étretat, l'autre voisine, si populaire, si médiatique.

Numéro treize, gardons-nous bien de toute superstition ; mais il n'en demeure pas moins qu'indépendamment du symbole, le cap est difficile à franchir pour l'Association. Ce numéro est sorti avec l'aide de la Ville de Fécamp, mais sa publication a eu raison de nos faibles réserves financières.

Nouveau pari pour l'Association, nouveau pari pour les Annales, nous allons avoir besoin du soutien de tous pour continuer sa publication, et nous comptons sur ceux qui, comme nous, pensent que Fécamp mérite cette revue exigeante dans sa forme et sa qualité, et qu'elle doit vivre.

Éditorial

Tristesse.
Jean Recher nous a quittés, son aura était grande. Que sa disparition et celles de quelques autres, moins médiatiques, nous incitent au respect des choses passées ! Prenons garde à bien écouter ceux qui ont des choses à nous léguer pour la mémoire collective. Prenons garde à ce que la vie des hommes, d'une époque qui déjà nous échappe, nous reste connue et que les générations futures y reconnaissent leurs racines.

Changement.
Après avoir tourné définitivement la page de son histoire maritime, la ville est à un "tournant de son image". De grands projets urbains vont profondément changer sa physionomie dans les dix années qui viennent. Un nouveau et grand musée sur un site portuaire mythique, l'aménagement des friches de la gare, la reconversion de l'ancien hôpital vont apporter une nouvelle dimension à la cité. L'ampleur de ces transformations est rare dans la vie d'une ville ; combien de temps faudra-t-il, aux Fécampois, pour intégrer une nouvelle image de leur cité, en confrontation avec leurs nostalgies ? Les Annales du Patrimoine, qui s'attachent à conserver la mémoire de la cité, espèrent que ces grands projets trouveront leurs racines dans ce qui a toujours fait l'identité de Fécamp.

Patrimoine.
Les Annales du Patrimoine se réjouissent de l'ouverture au public de la Maison du Patrimoine dans l'hôtel du Grand Cerf restauré. Cette structure d'accueil, regroupant les différents services d'informations et d'archives de la ville, était attendue depuis longtemps. Pour marquer l'événement, et faire connaître son histoire, nous lui avons consacré une grande place dans ce présent numéro.

Appel.
Les Annales du Patrimoine existent, maintenant, depuis douze années. La moisson d'articles publiés par de nombreux auteurs : chercheurs, historiens, érudits est riche et nous espérons que chacun de nos lecteurs continue d'y trouver de quoi nourrir sa curiosité. Mais, ce sont aussi douze années d'équilibre fragile. Les Annales du Patrimoine, publiées sur fonds propres de l'Association Fécamp Terre-Neuve, ne sont pas aidées financièrement, elles ont du mal à exister. Pour poursuivre la publication de cette revue, exigeante dans sa forme et sa qualité, l'association a besoin du soutien de tous pour élargir son lectorat et augmenter sa diffusion.

Éditorial

Le 19 décembre 2003, Henry Vanneste, un des derniers terre-neuvas à avoir fréquenté les bancs de Terre-Neuve à bord d'un voilier et pratiqué la pêche en doris, nous quittait. La discrétion de ses dernières années cachait une vie marquée d'événements peu communs, comme son engagement dans les Forces Navales Françaises Libres durant la dernière Guerre Mondiale ; nous reviendrons sur cette vie exceptionnelle dans notre prochain numéro.

2004 a été l'année de « l'Entente cordiale », mais aussi celle de l'abandon du French Shore.
La publication du numéro 10 des Annales du Patrimoine de Fécamp, entièrement consacré au French Shore, et l'exposition L'archipel du docteur Thomas au Musée des Terre-Neuvas de Fécamp semblent bien avoir été les seules manifestations qui, du côté français, ont commémoré cette année le centenaire de l'abandon de nos droits de pêche sur le French Shore, droits que la France détenait depuis le traité d'Utrecht de 1713. Désintérêt quasi général en 1904, auquel répond un désintérêt aussi général en 2004, pour une aventure maritime oubliée des Français.

2004 est aussi l'année du retour attendu de Marité. Nous avons le sentiment d'y avoir largement contribué, tout d'abord par la publication, dès 1998, d'un premier article dans le numéro 5 des Annales du Patrimoine de Fécamp, et l'édition en 2000 de Sauvé de l'oubli, Marité voilier terre-neuvier, seul ouvrage historique de fond qui lui soit consacré.
Nous avions entrepris ce travail pour aider au retour du bateau en France, l'objectif a été atteint, le bateau est là et nous en tirons un peu de fierté, quand bien même l'émission de télévision dont il fut le prétexte s'est révélée bien décevante !

2004 a été aussi marqué par l'heureuse découverte de l'épave du Saint-Simon par le GRIEME. Gisant au large de Saint-Valéry-en-Caux, ce trois-mâts goélette fécampois a fait vingt et une campagnes à Terre-Neuve au départ de Fécamp, avant de naufrager entre Saint-Valéry et Veules, en octobre 1926, au retour d'un dur voyage au Portugal. Notre association y a apporté son concours, notamment pour l'identification du navire ; la cloche a été remontée et offerte au Musée des Terre-Neuvas. En 2005, nous consacrerons une publication à cette histoire et à celle du navire.

Enfin, nous avons publié, en vingt exemplaires, l'étude de Claude Forrer et Etienne Bernet sur les navires construits à Fécamp et Saint-Valéry-en-Caux, armés par les armateurs de la Baie de Saint-Brieuc au XIXe siècle ; étude que nous avons déposée aux fonds documentaires de différentes archives publiques.

Aujourd'hui, nous revenons dans ce nouveau numéro des Annales sur la délicate question de l'architecture à Fécamp. Délicate car cette architecture est quelquefois bien malmenée, laissée à l'abandon comme l'est la pittoresque chapelle Sainte-Anne de l'hôpital, sinon inconsidérément détruite comme le fut l'église romane Saint-Ouen il y a trois ans.
Une ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural et Urbain) en cours d'étude permet d'espérer des jours meilleurs pour ce qui reste du patrimoine architectural original de notre ville.
Un sujet tellement vaste qu'on y reviendra au fil de plusieurs numéros.

Leader

It's now a hundred years, 1904-2004, since under the terms of the Treaty of London, April 8, 1904, France abandoned the fishing rights it had held on the French Shore since the Treaty of Utrecht in 1713. For French outfitters, a chapter of the great maritime adventure of the cod fishery had come to a close. Four centuries of French presence on the shores of Newfoundland came to an end amid almost total indifference; since the beginning, France's maritime history has been marked by so many similar withdrawals. By the end of the nineteenth century, the disinterest among outfitters in France for the Newfoundland cod fishery was already evident. The time was long gone since the days when lots were drawn at St. Servan every five years to determine who was entitled to what bay or fishing harbour on the west coast of Newfoundland, where boats from St. Malo and Granville carried on the shore-based or "sedentary" fishery.
Though the port of Fécamp was not directly affected (its boats were involved instead in the banks fishery), passions were nonetheless roused by the gradual withdrawal from the harbours and bays considered by cod fishermen to be their territory. Thus, in 1898, in an act of solidarity, the citizens of Fécamp attempted "a great coup, so that [they] would not be definitively driven out of those valuable places where [they] longer go", and a small, three-masted fishing boat was purchased in the neighbouring port of St. Valery-en-Caux and fitted out. The intent was that this boat, manned with a good number of sailors, would be seen all around the bays of the French Shore and, in order to occupy the terrain, "a trim little house of wood [would be built] measuring eight metres long by four meters wide, easy to take down, flying the French flag to show that the French are still there; the house was prefabricated at the sawmill in Touzet".1 As for the sailors, they fished whelks and perhaps some cod fish. Of course, the allowance granted by the French government to ships engaged in the cod fishery was not overlooked. It was an unusual and quite pointless gesture. What could such an isolated act have accomplished? As we have seen, the French Shore was indeed abandoned.
One hundred years after the abandonment, the French-speaking community of Newfoundland and Labrador has not forgotten; commemorative ceremonies are being held on both sides of the Atlantic. Again, though Fécamp never sent boats to the sedentary fishery; the Association Fécamp Terre-Neuve, whose objective is to maintain ties between this great cod-fishing port and those of Newfoundland and its region, has rightfully marked this anniversary by devoting a special edition to the history of this maritime adventure that is so poorly understood in France.
Moreover, this special edition of the Annales du patrimoine de Fécamp is the anniversary issue of the journal, celebrating its tenth birthday with contributions from authors from the other side of the Atlantic. This has been made possible thanks to the participation of the Canadian Embassy and the Societé 2004 Society. We would like to express our thanks to Françoise Enguehard and Ronald Rompkey, two strong defenders of the project on their side of the Atlantic. Thanks to them, Fécamp's contribution to the celebrations "of the French fact in Newfoundland and Labrador" has taken the form of a publication in both French and English, the first tangible sign of a solid link with Newfoundland and Labrador and St. Pierre and Miquelon. Let us hope that others will follow !

1. Léopold Soublin, Cent ans de pêche à Terre-Neuve. 1991

Éditorial

1904-2004, cent ans - Par le Traité de Londres du 8 avril 1904, la France abandonne les droits de pêche sur le French Shore qu'elle détenait depuis le traité d'Utrecht de 1713. Pour les armements français à la grande pêche une page de l'histoire de cette grande aventure maritime se referme. Quatre siècles de pêche française sur les côtes de Terre-Neuve se terminent dans un désintéressement quasi général ; depuis toujours, l'histoire maritime de la France est faite de ces tristes renoncements.
À la fin du XIXe siècle, le désintérêt des armateurs métropolitains pour les côtes de Terre-Neuve est déjà bien engagé. Le temps est loin où, à Saint-Servan, on tirait au sort tous les cinq ans l'affectation des baies ou havres de pêche sur la côte Ouest de Terre-Neuve où Malouins et Granvillais pratiquaient la pêche sédentaire.

Bien que les Fécampois soient peu concernés, puisque pratiquant plutôt la pêche errante sur les bancs, ils s'émeuvent de la désolation du French Shore et de l'abandon progressif de ces baies que les pêcheurs de morues considèrent comme leur territoire ; aussi, en 1898, par solidarité ils tentent ... un grand coup, afin que nous ne soyons pas chassés définitivement des endroits précieux où nous ne venons plus ... Ils achètent un petit trois-mâts terre-neuvier dans le port voisin de Saint-Valéry-en-Caux, le Jean-Agathe, et l'arment pour le French Shore. Le but est que ce navire, armé d'un nombre décent de marins, se fasse voir tout autour des baies du French Shore et, pour occuper le terrain y construise ...un coquet pavillon en bois de 8 m de long, 4 m de large, aisément démontable, avec un drapeau au fronton pour montrer que les Français y sont toujours... maison préfabriquée qu'on a fait construire par la scierie Touzet. Quant aux matelots, ils pécheront des bulots et, éventuellement, un peu de morues. Bien évidemment, le droit à la prime allouée par l'État pour les armements à la grande pêche n'est pas oublié. Drôle de combinaison bien inutile : on ne voit pas ce que cette action isolée pouvait produire et, comme on l'a vu, le French Shore sera bel et bien abandonné.

Cent ans après cet abandon, la communauté française de Terre-Neuve et du Labrador se souvient et des cérémonies de commémorations auront lieu à la fois en France et Outre-Atlantique. On l'a dit, Fécamp n'a jamais armé pour la pêche sédentaire ; mais l'association Fécamp Terre-Neuve, dont le but est de maintenir vivants les liens entre ce grand port d'armement morutier et l'archipel, se devait de marquer cet anniversaire en consacrant un numéro spécial à l'histoire d'une aventure maritime si mal connue des Français.

Ce numéro des Annales du patrimoine de Fécamp est en outre le numéro anniversaire des dix ans de la revue, numéro spécial auquel des auteurs d'Outre-Atlantique ont souhaité participer, et qui a pu voir le jour grâce à l'aide de l'Ambassade du Canada et de la Société 2004. Nous souhaitons exprimer tous nos remerciements à Françoise Enguehard et à Ronald Rompkey qui, de l'autre côté de l'océan, en ont été les fervents défenseurs. Grâce à eux, cette contribution fécampoise aux célébrations « du fait français à Terre-Neuve et au Labrador » fait l'objet d'une parution en langue française et d'une parution en langue anglaise. Elles sont le premier signe tangible de rapprochement, premier signe des liens renoués avec l'archipel de Terre-Neuve. Espérons que d'autres suivront !

Éditorial

Certes, le nom même de notre association cache mal notre passion pour l'histoire de la pêche morutière. Pourtant, longtemps occultée par celle de la pêche à la morue, l'histoire de la pêche au hareng n'est pas moins intéressante, et retrouve peu à peu la place qui lui revient de droit.

Déjà évoquée en 1997, dans les Annales du Patrimoine n° 4, par un gros dossier sur les boucanes et les saurisseries, nous y consacrons cette année un nouveau dossier qui évoque principalement les temps anciens, XVIe et XVIIIe siècles. D'autres pages restent encore à écrire sur cette activité qui fut primordiale pour le port de Fécamp.

C'est pourquoi, parallèlement à ces Annales, l'Association Fécamp Terre-Neuve publie cette année, sous le titre Les hommes de Balmasc, les souvenirs de Philbert Bourdon, « radio » sur les derniers drifters fécampois, qui nous livre un témoignage essentiel sur cette pêche.

Depuis les premiers moines (qui furent aussi, plusieurs articles des Annales l'ont montré, les premiers gestionnaires du port) jusqu'aux derniers marins du « grand métier » de la pêche hauturière, l'histoire de Fécamp mérite, croyons-nous, d'être écrite.

De même, le patrimoine de la cité, de l'abbatiale aux ex-voto de la chapelle des marins, mérite un meilleur sort que l'ancienne église Saint-Ouen, le colombier de Briqueville et autres boucanes, inconsidérément détruits ces dernières années. Pensons dès maintenant au devenir des bâtiments anciens de l'hôpital et à leur conservation, pour que Fécamp n'exhibe pas un label « Ville d'art et d'histoire » vidé de son sens !
L'avenir de notre ville ne dépend-il pas, pour une grande part, de ce que le passé lui a légué ?